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ganisme, et tant que le monde subsistera, lui seul échauffera la verve des grands hommes.

Serra-ce dans le theisme pur que nous trouverons plus de motifs de grandeur ou d’élévation ? sera-ce l’adoption d’une chimère, qui donnant à notre ame ce degré d’énergie essentiel aux vertus républicaines, portera l’homme à les chérir, ou à les pratiquer ? ne l’imaginons pas, on est revenu de ce phantôme, et l’athéïsme est à présent le seul systême de tous les gens qui savent raisonner ; à mesure que l’on s’est éclairé, on a senti que le mouvement étant inhérent à la matière, l’agent nécessaire à imprimer ce mouvement devenoit un être illusoire, et que tout ce qui existoit devant être en mouvement par essence, le moteur étoit inutile ; on a senti que ce dieu chimérique prudemment inventé par les premiers législateurs, n’étoit entre leurs mains qu’un moyen de plus pour nous enchaîner, et que sa réservant le droit de faire parler seul ce phantôme, il sauroit bien ne lui faire dire que ce qui viendroit à l’appui des lois ridicules par lesquelles ils prétendoient nous asservir. Licurgue, Numa, Moïse, Jésus Christ, Mahomet, tous ces grands fripons, tous ces grands despotes de nos idées, surent associer les divinités qu’ils fa-