Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76


dans leur nombre qu’est entièrement comprise cette caste si justement méprisée de royalistes et d’aristocrates. Que l’esclave d’un brigand couronné fléchisse s’il le veut aux pieds d’un idole de pâte, un tel objet est fait pour son ame de boue, qui peut servir des rois doit adorer des dieux : mais nous, Français, mais nous mes compatriotes, nous ramper encore humblement sous des freins aussi méprisables, plutôt mourir mille fois que de nous y asservir de nouveau ; puisque nous croyons un culte nécessaire, imitons celui des romains ; les actions, les passions, les héros, voilà quels en étoient les respectables objets ; de telles idoles élevoient l’ame, elles l’électrisoient, elles faisoient plus, elles lui communiquoient les vertus de l’être respecté ; l’adorateur de Minerve vouloit être prudent. Le courage étoit dans le cœur de celui qu’on voyoit aux pieds de Mars, pas un seul dieu de ces grands hommes n’étoient privé d’énergie, tous faisoient passer le feu dont ils étoient eux-mêmes embrâsés dans l’ame de celui qui les vénéroit, et comme on avoit l’espoir d’être adoré soi-même un jour, on aspiroit à devenir au moins aussi grand que celui qu’on prenoit pour modèle. Mais que trouvons-nous