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sommes aussi convaincus que la religion doit être appuyée sur la morale et non pas la morale sur la religion, il faut une religion qui aille aux mœurs, qui en soit comme le développement, comme la suite nécessaire et qui puisse, en élevant l’ame, la tenir perpétuellement à la hauteur de cette liberté précieuse dont elle fait aujourd’hui son unique idole, or je demande si l’on peut supposer que celle d’un esclave de Titus que celle d’un vil, historien de Judée, puisse convenir à une nation libre et guerrière, qui vient de se régénérer ; non, mes compatriotes, non, vous ne le croyez pas : si malheureusement pour lui le Français se rensevelissoit encore dans les tenèbres du christianisme, d’un côté l’orgueil, la tyrannie, le despotisme des prêtres, vices toujours renaissans dans cette horde impure, de l’autre la bassesse, les petites vues, les platitudes des dogmes et des mystères de cette indigne et fabuleuse religion, en émoussant la fierté de l’ame républicaine l’auroit bientôt ramenée sous le joug que son énergie vient de briser, ne perdons pas de vue que cette puérile religion étoit une des meilleures armes des mains de nos tyrans, un de ses premiers dogmes étoit de rendre à César ce qui appartenait à César ; mais nous avons détrôné César et nous ne voulons plus