foutre, c’est de multiplier et de changer souvent
ses fouteurs, c’est de s’opposer fortement
sur-tout à ce qu’un seul veuille vous captiver
parce que le but de ce constant amour seroit
en vous liant à lui, de vous empêcher de vous
livrer à un autre, égoïsme cruel qui deviendroit
bientôt fatal à vos plaisirs. Les femmes
ne sont pas faites pour un seul homme, c’est
pour tous que les a créé la nature, n’écoutant
que cette voix sacrée, qu’elles se livrent indifféremment
à tous ceux qui veulent d’elles,
toujours putains, jamais amantes, fuyant l’amour,
adorant le plaisir, ce ne seront plus
que des roses qu’elles trouveront dans la carrière
de la vie ; ce ne seront plus que des
fleurs qu’elle nous prodigueront : demandez,
Eugénie, demandez à la femme charmante qui
veut bien se charger de votre éducation, le
cas qu’il faut faire d’un homme, quand on en
a joui (assez bas pour n’être pas entendu d’Augustin) :
demandez-lui si elle fairoit un pas
pour conserver cet Augustin qui fait aujourd’hui
ses délices, dans l’hypothèse où l’on voudroit
le lui enlever : elle en prendroit un autre,
ne penseroit plus à celui-ci, et bientôt lasse
du nouveau, elle l’immoleroit elle-même dans
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