Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43


prie, entre lui et moi ? et quelle obligation réelle enchaînera à lui ou à moi les résultats de ce coït ? ces derniers liens furent les fruits de la frayeur qu’eurent les parens d’être abandonnés dans leur vieillesse, et les soins intéressés qu’ils ont de nous dans notre enfance, ne sont que pour mériter ensuite les mêmes attentions dans leur dernier âge ; cessons d’être la dupe de tout cela, nous ne devons rien à nos parens… Pas la moindre chose, Eugénie, et comme c’est bien moins pour nous que pour eux qu’ils ont travaillé, il nous est permis de des détester, et de nous en défaire même, si leur procédé nous irrite, nous ne devons les aimer que s’ils agissent bien avec nous, et cette tendresse, alors, ne doit pas avoir un degré de plus que celle que nous aurions pour d’autres amis, parce que les droits de la naissance n’établissent rien, ne fondent rien, et qu’en les scrutant avec sagesse et réflexion, nous n’y trouverions sûrement que des raisons de haine pour ceux qui ne songeant qu’à leurs plaisirs, ne nous ont donné souvent qu’une existence malheureuse ou mal saine ; vous me parlez des liens de l’amour, Eugénie, puissiez-vous ne les jamais connoître, ah, qu’un tel sentiment, pour le bonheur que