Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
188


toujours eux qu’il faut consulter, quand en veut connoître la nature. Ô pères ! soyez donc bien en repos sur les prétendues injustices que vos passions ou vos intérêts vous conduisent à faire à ces êtres nuls pour vous, auxquels quelques gouttes de votre sperme ont donné le jour ; vous ne leur devez rien, vous êtes au monde pour vous et non pour eux, vous seriez bien fous de vous gêner, ne vous occupez que de vous, ce n’est que pour vous que vous devez vivre ; et vous, enfans, bien plus dégagés, s’il se peut encore, de cette piété filiale dont la base est une vraie chimère, persuadez-vous de même que vous ne devez rien non plus à ces individus dont le sang vous a mis au jour. Pitié, reconnoissance, amour, aucuns de ces sentimens ne leur est dû, ceux qui vous ont donné l’être n’ont pas un seul titre pour les exiger de vous, ils ne travailloient que pour eux, qu’ils s’arrangent ; mais la plus grande de toutes les duperies, seroit de leur donner ou des soins ou des secours que vous ne leur devez sous aucuns rapports, rien ne vous en prescrit la loi ; et si par hasard vous vous imaginiez en démêler l’organe ; soit dans les inspirations de l’usage, soit dans celles des effets moraux du caractère, étouffez sans remords des