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Le Chevalier.

Ce n’est pas de l’esprit que viennent les remords, ils ne sont les fruits que du cœur, et jamais les sophismes de la tête n’éteignirent les mouvemens de l’ame.

Dolmancé.

Mais le cœur trompe, parce qu’il n’est jamais que l’expression des faux calculs de l’esprit, mûrissez celui-ci, l’autre cédera bientôt, toujours de fausses définitions nous égarent lorsque nous voulons raisonner ; je ne sais ce que c’est que le cœur, moi, je n’appelle ainsi que les foiblesses de l’esprit, un seul et unique flambeau luit en moi ; quand je suis sain et ferme, il ne me fourvoie jamais ; suis-je vieux, hipocondre ou pusillanime, il me trompe, alors je me dis sensible, tandis qu’au fond je ne suis que foible et timide ; encore une fois, Eugénie, que cette perfide sensibilité ne vous abuse pas, elle n’est, soyez-en bien sûre, que la foiblesse de l’ame, on ne pleure que parce l’on craint, et voilà pourquoi les rois sont des tyrans ; rejetez, détestez donc les perfides conseils du chevalier ; en vous disant