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refaisons leur ouvrage, songeons que c’est pour des républicains et pour des philosophes que nous allons enfin travailler, que nos loix soient douces comme le peuple qu’elles doivent régir ; en offrant ici, comme je viens de le faire, le néant, l’indifférence d’une infinité d’actions que nos ancêtres, séduits par une fausse religion, regardoient comme criminelle, je réduis notre travail à bien peu de chose ; faisons peu de loix, mais qu’elles soient bonnes ; il ne s’agit pas de multiplier les freins, il n’est question que de donner à celui qu’on emploie une qualité indestructible ; que les loix que nous promulguons n’aient pour but que la tranquillité du citoyen, son bonheur et l’éclat de la république ; mais après avoir chassé l’ennemi de vos terres, Français, je ne voudrois pas que l’ardeur de propager vos principes vous entraînât plus loin ; ce n’est qu’avec le fer et le feu que vous pourrez les porter au bout de l’univers, Avant que d’accomplir ces résolutions, rappelez-vous le malheureux succès des Croisades ; quand l’ennemi sera de l’autre côté du Rhin, croyez-moi, gardez vos frontières et restez chez vous ; ranimez votre commerce, redonnez de l’énergie et des débouchés à vos manufactures, faites refleurir vos arts, encouragez l’agriculture, si nécessaire dans