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loi contre les meurtriers se trouvent dans ce mot sublime[1].

En un mot, le meurtre est une horreur, mais une horreur souvent nécessaire, jamais criminelle, essentielle à tolérer dans un état républicain ; j’ai fait voir que l’univers entier en avoit donné l’exemple ; mais faut-il le considérer comme une action faite pour être punie de mort ? Ceux qui répondront au dilemme suivant, auront satisfait à la question.

Le meurtre est-il un crime ou ne l’est-il pas ?

  1. La loi salique ne punissoit le meurtre que d’une simple amende, et comme le coupable trouvoit facilement les moyens de s’y soustraire, Childebert, roi d’Austrasie, décerna, par un réglement fait à Cologne, la peine de mort non contre le meurtrier, mais contre celui qui se soustrairoit à l’amende décernée contre le meurtrier ; la loi ripuaire n’ordonnoit de même contre cette action qu’une amende proportionnée à l’individu qu’il avoit tué, il en coûtoit fort cher pour un prêtre ; on faisoit à l’assassin une tunique de plomb de sa taille, et il devoit équivaloir en or le poids de cette tunique, au défaut de quoi le coupable et sa famille demeuroient esclaves de l’église.