Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154


une extravagance dont les abus nous conduiroient bientôt au renversement total de l’édifice que nous venons d’élever avec tant de peine ; mais ce n’est pas quand l’homme est fait, qu’il faut le détruire, afin de diminuer la population, il est injuste d’abréger les jours d’un individu bien conformé, il ne l’est pas, je le dis, d’empêcher d’arriver à la vie un être qui certainement sera inutile au monde. L’espèce humaine doit être épurée dès le berceau ; c’est ce que vous prévoyez ne pouvoir jamais être utile à la société, qu’il faut retrancher de son sein ; voilà les seuls moyens raisonnables d’amoindrir une population dont la trop grande étendue est, ainsi que nous venons de le prouver, le plus dangereux des abus.

Il est tems de se résumer.

Le meurtre doit-il être réprimé par le meurtre ? Non, sans doute ; n’imposons jamais au meurtrier d’autre peine que celle qu’il peut encourir par la vengeance des amis ou de la famille de celui qu’il a tué ; je vous accorde votre grace, disoit Louis XV à Charolois qui venoit de tuer un homme pour se divertir, mais je la donne aussi à celui qui vous tuera. Toutes les bases de la