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de la Grèce, on examinoit soigneusement tous les enfans qui arrivoient au monde, et si l’on ne les trouvoit pas conformés de manière à pouvoir défendre un jour la république, ils étoient aussi-tôt immolés ; là l’on ne jugeoit pas qu’il fût essentiel d’ériger des maisons richement dotées, pour conserver cette vile écume de la nature humaine[1]. Jusqu’à la translation du siége de l’empire, tous les Romains qui ne vouloient pas nourrir leurs enfans, les jettoient à la voierie ; les anciens législateurs n’avoient aucun scrupule de dévouer les enfans à la mort, et jamais aucun de leur code ne réprima les droits qu’un père se crut toujours sur sa famille. Aristote conseilloit l’avortement ; et ces antiques républicains remplis d’enthousiasme, d’ardeur pour la patrie, méconnoissoient cette commisération individuelle qu’on retrouve parmi les nations modernes, on aimoit moins ses enfans, mais on aimoit mieux son pays. Dans toutes les villes de la Chine, on

  1. Il faut espérer que la nation réformera cette dépense, la plus inutile de toutes ; tout individu qui naît sans les qualités nécessaires pour devenir un jour utile à la république, n’a nul droit à conserver la vie, et ce qu’on peut faire de mieux, est de la lui ôter au moment où il la reçoit.