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aura plus d’anéantissement constaté ; ce que nous appelons la fin de l’animal qui a vie, ne sera plus une fin réelle, mais une simple transmutation dont est la base le mouvement perpétuel, véritable essence de la matière, et que tous les philosophes modernes admettent comme une de ses premières lois ; la mort, d’après ces principes irréfutables, n’est donc plus qu’un changement de forme, qu’un passage imperceptible d’une existence à une autre, et voilà ce que Pythagore appeloit la métempsycose.

Ces vérités une fois admises, je demande si l’on pourra jamais avancer que la destruction soit un crime. À dessein de conserver vos absurdes préjugés, oserez-vous me dire que la transmutation est une destruction ? Non, sans doute ; car il faudroit pour cela prouver un instant d’inaction dans la matière, un moment de repos. Or, vous ne découvrirez jamais ce moment ; de petits animaux se forment à l’instant que le grand animal a perdu le souffle, et la vie de ces petits animaux ne sont que des effets nécessaires et déterminés par le sommeil momentané du grand. Oserez-vous dire à présent que l’un plaît mieux à la nature que l’autre ? Il faudroit prouver pour cela une chose impossi-