Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
140

Qu’est-ce que l’homme, et quelle différence y a-t-il entre lui et les autres plantes, entre lui et tous les autres animaux de la nature. Aucune assurément. Fortuitement placé, comme elles, sur ce globe, il est né comme elles, il se propage, croît et décroît comme elles, il arrive comme elles à la vieillesse, et tombe comme elles dans le néant, après le terme que la nature assigne à chaque espèce d’animaux, en raison de la construction de ses organes. Si les rapprochemens sont tellement exacts, qu’il devienne absolument impossible à l’œil examinateur du philosophe d’appercevoir aucune dissemblance, il y aura donc alors tout autant de mal à tuer un animal qu’un homme, ou tout aussi peu à l’un qu’à l’autre, et dans les préjugés de notre orgueil se trouvera seulement la distance, mais rien n’est malheureusement absurde comme les préjugés de l’orgueil ; pressons néanmoins la question. Vous ne pouvez disconvenir qu’il ne soit égal de détruire un homme ou une bête ; mais la destruction de tout animal qui a vie, n’est-elle pas décidément un mal, comme le croyoient les Pythagoriciens, et comme le croient encore quelques habitans des bords du Gange ? Avant que de répondre à ceci, rappelons d’abord au