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l’apprend l’exemple de plusieurs peuples ; il n’y auroit pas dans toutes ces fadaises le plus petit inconvénient, parce que la corruption des mœurs souvent très-utile dans un gouvernement, ne sauroit y nuire sous aucun rapport, et nous devons attendre de nos législateurs assez de sagesse, assez de prudence pour être bien sûrs qu’aucune loi n’émanera d’eux pour la répression de ces misères, qui tenant absolument à l’organisation, ne sauroient jamais rendre plus coupable celui qui y est enclin, que ne l’est l’individu que la nature créa contrefait.

Il ne nous reste plus que le meurtre à examiner dans la seconde classe des délits de l’homme envers son semblable, et nous passerons ensuite à ses devoirs envers lui-même. De toutes les offenses que l’homme peut faire à ses semblables, le meurtre est, sans contredit, la plus cruelle de toutes, puisqu’il lui enlève le seul bien qu’il ait reçu de la nature, le seul dont la perte soit irréparable. Plusieurs questions néanmoins se présentent ici, abstraction faite du tort que le meurtre cause à celui qui en devient la victime.

1. Cette action, eu égard aux seules loix de la nature, est-elle vraiment criminelle ?