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de la femme que des enfans auxquels la connoissance de leur père est absolument interdite, et avec cela les moyens de ne plus appartenir qu’à une même famille, au lieu d’être ainsi qu’ils le doivent uniquement les enfans de la patrie.

Il y aura donc des maisons destinées au libertinage des femmes, et, comme celles des hommes, sous la protection du gouvernement ; là, leur seront fournis tous les individus de l’un et l’autre sexe qu’elles pourront desirer, et plus elles fréquenteront ces maisons, plus elles seront estimées ; il n’y a rien de si barbare et de si ridicule que d’avoir attaché l’honneur et la vertu des femmes à la résistance qu’elles mettent à des desirs qu’elles ont reçu de la nature, et qu’échauffent sans cesse ceux qui ont la barbarie de les blâmer ; dès l’âge le plus tendre[1], une

  1. Les babyloniennes n’attendoient pas sept ans pour porter leurs prémices au temple de Vénus, le premier mouvement de concupiscence qu’éprouve une jeune fille, est l’époque que la nature lui indique pour se prostituer, et sans aucune autre espèce de considération, elle doit céder dès que la nature parle ; elle en outrage les lois si elle résiste.