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rerie et de quelqu’irrégularité qu’il puisse être, parce qu’il n’en est aucun qui ne soit dans la nature, aucun qui ne soit avoué par elle, il ne s’agiroit plus ici que de fixer l’âge ; or, je prétends qu’on ne le peut, sans gêner la liberté de celui qui desire la jouissance d’une fille de tel ou tel âge. Celui qui a le droit de manger le fruit d’un arbre, peut assurément le cueillir mûr ou vert, suivant les inspirations de son goût ; mais, objectera-t-on, il est un âge où les procédés de l’homme nuiront décidément à la santé de la fille ; cette considération est sans aucune valeur, dès que vous m’accordez de droit de propriété sur la jouissance, ce droit est indépendant des effets produit par la jouissance, de ce moment il devient égal que cette jouissance soit avantageuse ou nuisible à l’objet qui doit s’y soumettre. N’ai-je pas déjà prouvé qu’il étoit égal de contraindre la volonté d’une femme sur cet objet, et qu’aussi-tôt qu’elle inspiroit le desir de la jouissance, elle devoit se soumettre à cette jouissance, abstraction faite de tout sentiment égoïste ; il en est de même de sa santé, dès que les égards qu’on auroit pour cette considération détruiroit ou affoibliront la jouissance de celui qui la desire, et qui a le droit de se l’appro-

prier,