de l’ame, n’a pas plus de titres pour légitimer
leur constance, ne satisfaisant que deux individus,
l’être aimé et l’être aimant ; il ne peut
servir au bonheur des autres, et c’est pour le
bonheur de tous, et non pour un bonheur égoïste
et privilégié, que nous ont été données les
femmes. Tous les hommes ont donc un droit de
jouissance égal sur toutes les femmes ; il n’est
donc aucun homme qui, d’après les lois de la
nature, puisse s’ériger sur une femme un droit
unique et personnel ; la loi qui les obligera de
se prostituer, tant que nous le voudrons, aux
maisons de débauche dont il vient d’être question,
et qui les y contraindra si elles s’y refusent,
qui les punira si elles y manquent, est
donc une loi des plus équitables, et contre
laquelle aucun motif légitime ou juste ne sauroit
réclamer. Un homme qui voudra jouir d’une
femme ou d’une fille quelconque, pourra donc,
si les lois que vous promulguez sont justes, la
faire sommer de se trouver dans l’une des maisons
dont j’ai parlé ; et là, sous la sauve-garde des
matrones de ce temple de Vénus, elle lui sera
livrée pour satisfaire, avec autant d’humilité
que de soumission, tous les caprices qu’il lui
plaira de se passer avec elle, de quelque bizar-
Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome 2, 1795.djvu/125
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119