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fait à celui qui la desire, l’amour qu’elle a pour un autre, parce que ce motif en devient un d’exclusion, et qu’aucun homme ne peut être exclut de la possession d’une femme, du moment qu’il est clair qu’elle appartient décidément à tous les hommes. L’acte de possession ne peut être exercé que sur un immeuble ou sur un animal, jamais il ne peut l’être sur un individu qui nous ressemble, et tous les liens qui peuvent enchaîner une femme à un homme, de telle espèce que vous puissiez les supposer, sont aussi injustes que chimériques. S’il devient donc incontestable que nous ayons reçu de la nature le droit d’exprimer nos vœux indifféremment à toutes les femmes, il le devient de même que nous avons celui de l’obliger de se soumettre à nos vœux, non pas exclusivement, je me contrarierois, mais momentanément[1]. Il est in-

  1. Qu’on ne dise pas ici que je me contrarie, et qu’après avoir établi plus haut que nous n’avions aucun droit de lier une femme à nous, je détruis ces principes en disant maintenant que nous avons le droit de la contraindre ; je répète qu’il ne s’agit ici que de la jouissance,