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aller plus loin, et quelque contraires que soient mes idées à nos coutumes actuelles, comme mon objet est de prouver que nous devons nous presser de changer ces coutumes, si nous voulons conserver le gouvernement adopté, je vais essayer de convaincre que la prostitution des femmes, connues sous le nom d’honnêtes, n’est pas plus dangereuse que celle des hommes, et que non-seulement nous devons les associer aux luxures exercées dans les maisons que j’établis, mais que nous devons même en ériger pour elles, où leurs caprices et les besoins de leur tempérament, bien, autrement ardent que le nôtre, puisse de même se satisfaire avec tous les sexes.

De quel droit prétendez-vous d’abord que les femmes doivent être exceptées de l’aveugle soumission que la nature leur prescrit aux caprices des hommes, et ensuite par quel autre droit prétendez-vous les asservir à une continence impossible à leur physique, et absolument inutile à leur honneur ?

Je vais traiter séparément l’une et l’autre de ces questions.

Il est certain que, dans l’état de nature, les femmes naissent vulgivagues, c’est-à-dire jouis-