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OXTIERN,




Scène IV.

Derbac, seul.

Non, je ne puis me résoudre à servir une telle infamie ; laissons-en le soin à Casimir, et ne nous mêlons point de cette horreur. Je veux quitter la société de cet homme… Je retomberai dans l’indigence, dont son crédit me retirait, c’est un malheur, sans doute ; mais il est moindre que celui de me corrompre plus long-tems à son indigne école ; l’infortune m’effraye moins que le crime : à quelque point que souffre un honnête homme, il est consolé par son cœur… (Il sort, dès qu’il voit paraître quelqu’un.)




Scène V.

Le Colonel, errant dans les ténebres.

C’est ici le lieu du combat… Je croyais qu’il m’avait devancé ; il ne tardera pas, sans doute… Ô malheureux, que vas-tu faire ?… Lois cruelles de l’honneur, que vous êtes injustes ! Pourquoi faut-il que l’offensé s’expose, quand l’agresseur est aussi coupable !… Ah ! qu’il me tue, qu’il me déchire, je ne puis survivre à mon déshonneur ! (Il frémit). Il me semble que je l’entends… et d’où vient que l’approche de cet adversaire, imprime en moi des mouvemens dont je ne suis pas le maître ! je n’ai pourtant jamais connu la crainte ; le desir de la vengeance me trouble et m’empêche de distinguer la véritable cause des impressions qui m’agi-