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ACTE SECOND.

Ernestine.

Vous les avez cru justes ; n’est-ce pas tout ce qu’il me faut, pour me faire oublier le mal qu’ils m’ont fait : qui peut mieux que l’auteur de nos jours, juger de ce qui nous convient… Pardon, mon pere ; je vous conjure de vous retirer un instant, je n’ai pas une minute à perdre ; nous partons à la pointe du jour pour le château du Comte, demain je suis peut-être enchaînée pour jamais, si je ne me dégage aujourd’hui… Évitez Oxtiern, ne le voyez point… Fabrice, l’hôte de cette maison, me paraît un homme sûr ; ordonnez-lui de vous soustraire à tous les yeux, et laissez-moi le soin du reste.

Le Colonel, inquiétude.

Fabrice n’était point ici quand je suis arrivé ; on m’a dit qu’il était à Stokolm, qu’une affaire essentielle l’y attirait ; mais qu’on l’attendait avant la fin de la nuit.

Ernestine, troublée.

Fabrice parti… Me serais-je trompée ! à Stokolm, que va-t-il y faire ? Est-ce par ordre du Comte ? il le connaît depuis long-tems !… De quel nouveau lien vais-je être environnée ? tout me surprend ! tout m’effraye !

Le Colonel, noblesse et force.

Rassure-toi, mon Ernestine, ton pere ne t’abandonnera plus ; chère et malheureuse enfant, ou nous triompherons ensemble, ou nous serons annéantis dans les bras l’un de

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