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ACTE SECOND.

Ernestine, dans la douleur.

Pourquoi m’abandonnâtes-vous, mon pere ? funeste voyage… malheureuses circonstances… Le cruel, il a choisi le tems de votre départ… il m’a trompée ; il m’a donné l’espoir du bonheur que vous balanciez à m’accorder ; et profitant de ma faiblesse, il m’a rendue indigne et du jour et de vous.

Le Colonel.

Ciel injuste ! devais-tu ne prolonger mes jours, que pour me rendre témoin d’une telle horreur ! Il faut que le traître périsse… (Il veut sortir).

Ernestine, l’arrêtant.

Non, non, à moi seule appartient la vengeance, c’est à moi seule à m’en charger.

Le Colonel.

Tes projets m’inquietent !

Ernestine, rapidement.

Ne cherchez-point à les dêméler, ils sont justes… fiers comme l’ame que j’ai reçue de vous… Je vous les apprendrai quand il en sera tems… L’avez-vous vu, mon pere ? a-t-il osé se présenter à vous ?

Le Colonel.

Il s’en est bien gardé ; un seul de mes regards l’eut fait rentrer dans le néant.