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ACTE SECOND.


Va, je ne te demande rien… Moi t’offrir l’occasion d’un acte généreux… Le moyen de me faire oublier tes horreurs… Tu le vois, je m’égare, Oxtiern… Eh bien, que comptes-tu faire de ta victime ?… Parles, où la conduis-tu ?…

Oxtiern.

Je vous offre, Ernestine, et ma main et mon cœur.

Ernestine.

M’enchaîner à mon bourreau… jamais, jamais.

Oxtiern.

Est-il donc des moyens différens ?…

Ernestine.

Oui, sans doute, il en est… Vous ne les soupçonnez pas, Monsieur ? ignorez-vous qu’il me reste un père ?… un frère ; (avec la plus grande fierté) ignorez-vous que je respire ?

Oxtiern.

Tous ces partis cruels ne serviraient à rien, ils coûteraient du sang, et ne rétabliraient pas votre honneur : celui seul que vous accusez de l’avoir ravi, doit vous le rendre ; devenez son épouse, et tout est oublié.

Ernestine, (avec toute l’énergie possible).

Traître, quelle alliance peux-tu former avec moi, quand tu m’as dégradée ; sans cesse entre l’opprobre et l’humiliation, sans cesse au milieu des chagrins et des