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ACTE PREMIER.


je ne verrais plus en vous, qu’un homme d’autant plus méprisable, qu’il étoit né pour être honnête ; et qu’ayant plus qu’un autre des titres qui devaient lui mériter l’estime et la considération générale, il est en même temps plus coupable de n’en avoir pas su profiter.

Oxtiern.

Mais quelle est donc cette inquiétude, Fabrice ? qu’ai-je donc fait pour autoriser tes soupçons ?

Fabrice.

Rien encore, je le veux croire… Mais où menez-vous cette fille enfin ?

Oxtiern.

Dans ma terre, près de Nordkopinq, et je l’épouse dès qu’elle y sera.

Fabrice.

Pourquoi son père ne l’accompagne-t-il pas ?

Oxtiern.

Il n’étoit pas à Stokolm, quand elle est partie ; et la violence de mon amour ne m’a point permis des formalités… dont j’ai cru pouvoir me passer : tu es d’un rigorisme, mon ami… jamais encore je ne t’avais vu si sévère.

Fabrice.

Ce n’est point là de la sévérité, Monsieur, c’est de la justice ; voudriez-vous, si vous étiez père, qu’on vous enlevât votre fille ?