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OXTIERN,

Fabrice, d’un air honnête et affectueux.

Un peu plus de franchise, Monsieur, et moins de reconnaissance ; ne m’annoncez pas celle qui serait le prix d’une mauvaise action, elle me dégraderait. Soyez franc, quelle est cette jeune personne que vous amenez chez moi, et que prétendez-vous en faire ?

Oxtiern, coupant vivement.

Mes vues sont légitimes, Fabrice ; Ernestine est honnête, et je ne la contrains point ; un excès d’amour a peut-être un peu trop pressé les démarches qui vont la réunir à moi pour toujours ; mais elle doit être ma femme, elle le sera mon ami ; oserais-je la considérer sous d’autres titres, et la conduirais-je chez toi, s’il en était autrement ?

Fabrice.

Ce n’est point là ce qu’on dit, Monsieur ; je dois vous croire pourtant ; si vous me trompiez, je ne pourrais vous recevoir.

Oxtiern.

Je pardonne tes soupçons, Fabrice, en faveur du motif vertueux qui les fait naître ; mais tranquillise-toi, mon ami, je te le répète ; mes projets sont purs comme celle qui me les inspire.

Fabrice.

Monsieur le Comte, vous êtes un grand seigneur, je le sais ; mais convainquez-vous bien, je vous prie, qu’à l’instant où votre conduite vous rendrait vil à mes yeux,