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de vous. Ma position est telle vis-à-vis de lui qu’il me devient impossible même de lui faire des reproches de ce qui vient de se passer ; la vengeance n’est donc plus qu’en vos mains, c’est à vous seul qu’elle appartient, et je vous plains fort si vous ne saisissez pas celle qui est légitime après l’infamie qu’il vient de faire. Est-ce donc avec les traîtres qu’il faut respecter les loix de l’honneur ? Et comment pouvez-vous chercher d’autres voies que celles dont il se sert, dès qu’il est certain qu’il n’acceptera aucune de celles que votre valeur lui proposera. Ne devez-vous donc pas le prévenir, chevalier ? et depuis quand la vie d’un lâche est-elle si précieuse, que l’on n’ose la ravir sans combattre ? On se mesure avec l’homme d’honneur, on fait tuer celui qui a voulu nous priver du jour ; que l’exemple de vos maîtres vous serve ici de règle ; quand l’orgueil de Charles de Bourgogne qui nous gouverne aujourd’hui eut à se plaindre du duc d’Orléans, lui proposa-t-il le duel, ou le fit-il assassiner ? Ce dernier parti