Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avez à faire à un traître, je vous l’ai dit ; envain emploirez-vous avec lui tous les procédés de l’honneur, il n’y répondra point, et vos jours seront toujours en danger ; je le voudrais loin de chez moi sans doute, mais puis-je interdire mon château à celui que le duc de Bourgogne veut que j’y reçoive comme un gendre ? à celui que ma fille aime enfin, et dont elle est aimée ? Soyez plus juste, chevalier, quand j’ai souffert autant que vous ; mesurez l’intérêt que tout ceci m’inspire, à la multitude des liens qui m’attachent à votre sort. Le coup part de Salins, je n’en saurais douter il s’est informé des motifs qui vous retiennent ici, quand tous les chevaliers sont auprès de leurs chefs ; votre amour est malheureusement trop connu, il aura trouvé des indiscrets… Salins se venge, et comprenant trop bien qu’il lui est impossible de se défaire de vous, autrement que par un crime, il le commet ; le voyant manqué, il le renouvellera… Ô doux chevalier, j’en frémis… j’en frémis plus que vous encore. Eh bien !