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que chose me console de ce chagrin, c’est la certitude d’avoir fait des heureux et de n’avoir entraîné personne avec moi.

Ce n’était pas seulement en Amérique que Dorgeville éprouvait des malheurs ; le sein même de sa famille lui en présentait d’affreux. On lui apprend un jour qu’une sœur, née quelques années après son départ pour le Nouveau-Monde, vient de déshonorer et de perdre entièrement et lui et tout ce qui lui appartient ; que cette fille perverse, maintenant âgée de dix-huit ans, nommée Virginie, et malheureusement belle comme l’amour, éprise d’un écrivain des comptoirs de sa maison, et ne pouvant obtenir la permission de l’épouser, a eu l’infamie, pour parvenir à ses vues, d’attenter aux jours de son père et sa mère ; qu’au moment où elle allait se sauver, avec une partie de l’argent, on a heureusement empêché le vol, sans pouvoir néanmoins réussir à s’emparer des coupables, tous deux, dit-on, en Angleterre. On pressait Dorgeville, par la même lettre, de repasser en France afin de se