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après la mort de leur maître ; mais la comtesse a soin de faire savoir à Monrevel que ces étrangers sont de la suite de Salins. De ce moment le chevalier peut à peine entretenir sa maîtresse ; s’il se présente à son appartement, les femmes le refusent ; s’il cherche à l’aborder dans le parc, dans les jardins, ou elle le fuit, ou il l’apperçoit avec son rival : de tels malheurs sont trop violens pour l’âme bouillante de Monrevel : prêt à se désespérer, il aborde enfin Amélie, que le faux Salins venait de quitter. Cruelle, lui dit-il, ne pouvant plus se contenir, vous me méprisez donc au point de vouloir former devant moi les nœuds sinistres qui vont nous séparer ? Et quand il ne tiendrait maintenant qu’à vous, quand je suis au moment de gagner votre mère, c’est de vous seule, hélas ! que vient le coup qui me déchire ! Amélie, prévenue des lueurs d’espoir que la comtesse avait donné à Monrevel, et croyant que tout cela devait servir à l’heureux dénouement de la scène qu’on lui fait jouer, Amélie, dis-je, continue