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geasse à l’instant ? ton cœur, un sentiment qui ne fut le mien ? fêtée par-tout, voyant toute la Bourgogne à mes pieds, entourée d’adorateurs… enivrée d’encens, tous mes vœux ne se tournaient que pour Monrevel, il les occupait seul, je méprisais ce qui n’était pas lui… et quand je t’adorais, perfide… tes yeux se détournaient de moi… follement épris d’un enfant… me sacrifiant à cette indigne rivale… tu m’as fait haïr ma fille même… je sentais tous tes procédés, il n’en était pas un qui ne perçât mon cœur, et je ne pouvais pourtant te haïr… mais qu’espères-tu maintenant ?… que le dépit au moins te donne à moi, si l’amour n’y peut réussir… Ton rival est ici, je peux le faire triompher demain, ma fille m’en presse ; quelle espérance te reste-t-il donc, quel fol espoir peut t’aveugler encore ? Celui d’aller mourir, madame, répondit Monrevel, et du remords d’avoir pu faire naître en vous des sentimens qu’il n’est pas en mon pouvoir de partager, et du chagrin de