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quand vous le voudrez… ah ! depuis bien long-temps elles captivent mon cœur ; elles orneront mes mains quand vous m’en aurez montré le desir ; me voilà sans nœuds aujourd’hui, et si je desire de perdre une seconde fois ma liberté, vous devez bien savoir avec qui… Monrevel frémit à ces mots, et la comtesse, qui ne perdait pas un de ses mouvemens, s’abandonnant alors en furieuse aux transports de sa flamme, lui reprocha, dans les termes les plus durs, l’indifférence avec laquelle il avait toujours payé l’ardeur dont elle avait brûlé pour lui… Pouvais-tu te la déguiser cette flamme, qu’allumaient tes yeux, ingrat ? pouvais-tu l’ignorer, s’écria-t-elle ; un seul jour s’est-il écoulé depuis ton jeune âge, où je n’aie fait éclater ces sentimens que tu dédaignes avec tant d’insolence ? était-il un seul chevalier à la cour de Charles qui m’intéressât comme toi ? fière de tes succès, sensible à tes malheurs, cueillas tu jamais un laurier que ma main n’enlaçât de myrthes ? ton esprit format-il une seule pensée que je ne parta-