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conds… jamais le Sénéchal ne mourut de sa main, et plus de vingt guerriers ont vu fuir Monrevel… Que vous importe, Amélie, cette épreuve de plus, elle ne sera jamais sanguinaire, je saurai l’arrêter à temps… Si Monrevel est un lâche, voudriez-vous lui donner la main ? songez-vous, d’ailleurs, que dans une chose où ma seule complaisance agit, je suis en droit de vous imposer des conditions ; le duc s’oppose à ce que Monrevel devienne aujourd’hui votre époux, il le redemande ; si, malgré tout cela, je veux bien céder à vos desirs, au moins devez-vous accorder quelque chose aux miens ; en achevant ces mots, la comtesse sortit, et laissa sa fille dans de nouvelles perplexités.

Monrevel un lâche, se disait Amélie, en pleurant, non, je ne le croirai jamais… cela ne se peut, il m’aime… ne l’ai-je donc pas vu s’exposer sous mes yeux aux dangers d’un tournois, et dans la certitude que je le paierais d’un regard, y vaincre tout ce qui s’offrait à lui !… ces regards, qui l’encourageaient, l’ont