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plan, on m’écrit de l’armée que Monrevel est loin des vertus d’un brave et digne chevalier… je vous le dis avec douleur, mais on accuse son courage ; le duc s’y trompe, je le sais, mais les faits sont constans… on le vit fuir à Montlhéri… Lui, madame, s’écria mademoiselle de Sancerre, lui, capable d’une telle faiblesse ! ne l’imaginez pas, on vous trompe ; c’est de lui que Brezé reçut la mort[1]… lui, fuir… je l’aurais vu… je ne le croirais pas… non, madame, non, il était parti d’ici même, pour se rendre à cette bataille ; vous lui aviez permis de baiser ma main, cette même main orna son casque d’un nœud de ruban… il me dit qu’il serait invincible ; il avait mes traits dans son cœur, il est incapable de les avoir souillés… il ne l’a pas fait. Je sais, dit la comtesse, que les premiers bruits furent à son avantage ; on vous laissa ignorer les se-

  1. Pierre de Brezé, grand Sénéchal de Normandie ; il commandait l’avant-garde de Louis XI à cette journée où il perdit la vie.