Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

las ! madame, reprit ce jeune héros laissant échapper quelques larmes, je n’ai pas dû croire être aimé d’Amélie, j’en conviens ; mais pouvais-je penser qu’elle en aimât un autre… Et passant avec rapidité de la douleur au désespoir… Non, reprit-il furieux… non, qu’elle n’imagine pas abuser de ma crédulité ; il est au-dessus de mes forces de pouvoir endurer de tels outrages ; et puisque je lui déplais, puisque je n’ai plus rien à craindre, pourquoi mettrais-je des bornes à ma vengeance ?… J’irai trouver Salins ; j’irai chercher jusqu’au bout de la terre ce rival qui m’outrage et que je déteste, sa vie me répondra de ses insultes, ou je perdrai la mienne sous ses coups. — Non, Monrevel, s’écria la comtesse, non, la prudence ne me permet pas de souffrir de telles choses ; revolez bien plutôt vers Charles, si vous osez concevoir ces projets, car j’attends Salins sous peu de jours, et je dois m’opposer à ce que vous vous rencontriez chez moi… À moins pourtant, continua la comtesse, avec un peu de con-