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tait qu’au moyen de ce léger sacrifice, elle la laisserait libre de tout autre choix qu’il lui plaisait de faire.

Amélie voulut contenir ses pleurs à ces ordres cruels ; mais la nature plus forte que la prudence, la fit tomber aux genoux de la comtesse ; elle la conjura par tout ce qu’elle avait de plus cher, de ne la point séparer de Monrevel, de remplir les intentions d’un père qu’elle avait adoré, et qu’on lui faisait pleurer bien amèrement.

Cette intéressante fille ne répandait pas une larme qui ne retombât sur le cœur de sa mère ; eh quoi ! dit la comtesse, en essayant de se vaincre, afin de mieux connaître les sentimens de sa fille, cette malheureuse passion vous domine-t-elle donc au point, que vous n’en puissiez faire le sacrifice ? et si vôtre amant eût éprouvé le sort de votre père, s’il vous l’eût fallu pleurer comme lui ?… Oh ! madame, répondit Amélie, ne m’offrez pas une aussi désolante idée ; si Monrevel eût péri, je l’aurais suivi de bien près, ne doutez