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Une fois sûre qu’aucune lettre ne sortirait du château, sans lui être apportée, la comtesse répandit de faux bruits ; elle dit à tout le monde, et même sourdement au châtelain de Monrevel que Charles le téméraire en lui apprenant la mort de son époux, lui enjoignait de marier sa fille au seigneur de Salins, auquel il ordonnait de venir conclure cet hymen à Sancerre, et elle ajouta avec l’air du secret, en s’adressant à Monrevel, que cet évènement ne fâcherait sûrement pas Amélie, qui depuis cinq ans soupirait pour Salins ; ayant ainsi porté le poignard dans le cœur de Monrevel, elle fit venir sa fille, et lui dit que tout ce qu’elle faisait, n’était qu’à dessein de détacher le châtelain d’elle, qu’elle lui recommandait d’étayer ce projet, ne voulant point absolument de cette alliance, et qu’il valait mieux, cela posé, prendre un prétexte comme celui dont elle se servait, qu’une rupture sans fondement ; mais que sa chère fille n’en serait pas plus malheureuse, parce qu’elle lui promet-