Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

était d’imposer silence aux sentimens que cette jeune personne ressentait pour Monrevel, et malgré les intentions du comte, elle avait toujours engagé sa fille à ne point avouer ce qu’elle éprouvait pour l’époux que lui destinait son père. Il semblait à cette femme étonnante, que brûlant comme elle faisait au fond de son cœur pour l’amant de sa fille, ce fût pour elle une consolation de faire ignorer au moins à cet amant une passion dont elle se trouvait outragée. Mais si elle contraignait les desirs d’Amélie, il s’en fallait bien qu’elle fit la même violence aux siens, et ses yeux depuis bien long-tems eussent tout appris à Monrevel, si ce jeune guerrier eût voulu les entendre… s’il n’eût pas cru qu’un autre amour que celui d’Amélie, fut devenu pour lui une offense bien plutôt qu’un bonheur.

Depuis un mois, par ordre de son époux, la comtesse recevait dans son château le jeune Monrevel, sans qu’elle eût employé durant cet intervalle un seul instant à autre chose, qu’à voiler