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les châteaux déserts ; on ne voyait plus briller dans les magnifiques tournois de Dijon et d’Autun, ces preux chevaliers qui les illustraient jadis, et les belles abandonnées, négligeaient jusqu’au soin de plaire, dont ils ne pouvaient plus être l’objet ; frémissant pour les jours de ces guerriers chéris, ce n’était plus que des soucis et des inquiétudes que l’on voyait sur ces fronts radieux, animés par l’orgueil, quand autrefois, au milieu de l’arène, tant de braves exerçaient pour leurs dames, et leur adresse et leur courage.

En suivant son prince à l’armée, en allant lui prouver son zèle et son attachement, le comte de Sancerre, l’un des meilleurs généraux de Charles, avait recommandé à sa femme de ne rien négliger pour l’éducation de leur fille Amélie, et de laisser croître sans inquiétude la tendre ardeur que cette jeune personne ressentait pour le châtelain de Monrevel qui devait la posséder un jour, et qui l’adorait depuis l’enfance. Monrevel, âgé de vingt-quatre ans, et qui