Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à cinq heures du soir, ces deux exécrables créatures périrent au milieu des effrayans supplices que leur réservaient le courroux du ciel et la justice des hommes.

Pour Dorgeville, après une maladie cruelle, il laissa son bien à différentes maisons de charité… quitta le Poitou et se retira à la Trappe, où il mourut au bout de deux ans, sans avoir pu détruire en lui, malgré d’aussi terribles exemples, ni les sentimens de bienfaisance et de pitié qui formaient sa belle âme, ni l’amour excessif dont il brûla jusqu’au dernier soupir, pour la malheureuse femme… devenue l’opprobre de sa vie, et l’unique cause de sa mort.

Ô vous ! qui lirez cette histoire, puisse-t-elle vous pénétrer de l’obligation où nous sommes tous de respecter des devoirs sacrés, dont on ne s’écarte jamais sans voler à sa perte. Si, contenu par le remords qui se fait sentir au brisement du premier frein, on avait la force d’en rester là, jamais les droits de la vertu ne s’anéantiraient totalement ; mais notre