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mort ; que mon faible sexe apprenne, en la voyant, où conduisent l’oubli des devoirs et l’abandon de Dieu.

En descendant les marches qui la conduisaient à la cour, elle demanda son fils ; Dorgeville, dont le cœur noble et généreux faisait élever cet enfant avec le plus grand soin, ne crut pas devoir lui refuser cette consolation ; on apporte cette misérable créature ; elle la prend, elle la serre contre son sein, elle la baise… puis éteignant aussi-tôt les sentimens de tendresse qui, en ammolissant son âme, allaient peut-être y laisser pénétrer avec trop d’empire toutes les horreurs de sa situation, elle étouffe ce misérable enfant de ses propres mains. « Va, dit-elle, en le jetant, ce n’est pas la peine que tu voies le jour pour n’y connaître que l’infamie, la honte et l’infortune, qu’il ne reste sur la terre aucune trace de mes forfaits, et deviens-en la dernière victime ».

À ces mots, la scélérate s’élance dans voiture de l’exempt ; Saint-Surin suit enchaîné sur un cheval, et le lendemain,