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et là, un mouvement de désespoir m’ayant pris, me voyant délaissée comme je l’étais alors, moi, née dans l’opulence, et qui, avec une conduite plus réglée, eût pu prétendre aux meilleurs partis de la province, je voulus tuer le malheureux fruit de mon libertinage, et me poignarder moi-même après ; vous passâtes, mon frère, vous eûtes l’air de vous intéresser à mon sort, l’espoir de nouveaux crimes se rallume aussi-tôt dans mon sein ; je me résous à vous tromper pour augmenter l’intérêt que vous sembliez prendre à moi. Cécile Duperrier venait de se sauver de la maison paternelle, pour se soustraire à la punition et à la honte d’une faute commise avec un amant qui la mettait dans le même état que moi ; parfaitement au fait de toutes les circonstances, je résolus de jouer le rôle de cette fille ; j’étais sûre de deux choses, et qu’elle ne reparaîtrait pas, et que ses parens, fût-elle même venue se précipiter à leurs pieds, ne lui pardonneraient jamais sa conduite ; ces deux points me suffirent pour établir toute mon histoire ; vous