Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bientôt recevoir. Il me cacha dans un village voisin de la terre de cet honnête homme, il m’y voyait secrètement, et je n’ai jamais paru pendant cet intervalle à d’autres regards qu’à ceux de la femme chez laquelle j’étais logée ».

» Cette manière d’être m’ennuyait, je ne me sentais pas faite pour une vie tellement ignorée ; il y a quelquefois de l’ambition dans les âmes criminelles ; interrogez tous ceux qui sont parvenus sans mérite, et vous verrez que c’est rarement sans crimes. Saint-Surin consentait volontiers à aller chercher d’autres, aventures ; mais j’étais grosse, il fallait avant tout me débarrasser de mon fardeau ; Saint-Surin voulut m’envoyer pour mes couches dans un village plus éloigné de l’habitation de ses maîtres, chez une femme amie de mon hôtesse ; toujours dans l’intention de mieux observer le mystère, il fut résolu que je m’y rendrais seule ; j’y allais, quand vous m’avez rencontré ; les douleurs m’ayant saisie avant d’arriver chez cette femme, je me délivrais seule au pied d’un arbre…