Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous, mon frère ; ce serait à moi de frémir… et vous voyez comme je suis tranquille ; peut-être n’étais-je pas née pour le crime, et sans les perfides conseils de Saint-Surin, peut-être ne se fût-il jamais éveillé dans mon cœur… c’est à lui que vous devez la mort de nos parens, il me l’a conseillée, il m’a fourni ce qu’il fallait pour l’exécuter ; c’est de sa main que je tiens également le poison qui devait terminer vos jours ».

» Dès que nous eûmes exécuté nos premiers projets, on nous soupçonna ; il fallut partir sans pouvoir même emporter les sommes que nous comptions nous approprier ; les soupçons se changèrent bientôt en preuves ; on instruisit notre procès, on prononça contre nous le funeste arrêt que nous allons subir ; nous nous éloignâmes… mais pas assez, malheureusement : nous fîmes courir le bruit d’une évasion en Angleterre, on la crut ; nous nous imaginâmes follement qu’il était inutile d’aller plus loin. Saint-Surin se présenta pour domestique chez monsieur Duperrier ; ses talens le firent