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avec l’exempt et les deux coupables ; le reste se retira, les portes se fermèrent, et la fausse Cécile Duperrier commença son récit dans les termes suivans :

« Vous voyez en moi, Dorgeville, la créature que le ciel a fait naître, et pour le tourment de vos jours, et pour l’opprobre de votre maison ; vous sûtes en Amérique que quelques années après votre départ de France, il vous était née une sœur ; vous apprîtes de même long-tems après, que cette sœur, pour jouir plus à l’aise de l’amour d’un homme à qu’elle adorait, osa porter ses mains sur ceux dont elle tenait la vie, et qu’elle se sauva ensuite avec cet amant… Eh bien ! Dorgeville, reconnaissez cette sœur criminelle dans votre épouse infortunée, et son amant dans Saint-Surin… Voyez si les crimes me coutent, et si je sais les doubler quand il faut. Apprenez maintenant comme je vous ai trompé, Dorgeville… et calmez-vous, dit-elle en voyant son malheureux frère reculer d’horreur et prêt à perdre une seconde fois l’usage de ses sens… oui, remettez-