Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de moins ne doit pas être d’une grande importance ; je vous la demande, afin d’instruire Dorgeville des circonstances singulières qui l’intéressent. Oui, monsieur, poursuivit-elle en s’adressant à son mari, oui, vous êtes dans tout ceci, bien plus compromis que vous ne le croyez ; obtenez que je puisse vous entretenir une heure, et vous apprendrez des choses qui vous surprendront ; puissiez-vous les écouter jusqu’au bout avec tranquillité, et sans qu’elles redoublent l’horreur que vous devez avoir pour moi ; vous verrez au moins par cet affreux récit, que si je suis la plus malheureuse, et la plus criminelle des femmes… Ce monstre, dit-elle en montrant Saint-Surin, est sans doute le plus scélérat des hommes.

Il était encore de bonne heure, l’exempt consentit au récit qu’annonçait sa captive ; peut-être était-il bien aise d’apprendre lui-même, quoiqu’il sût les crimes de sa prisonnière, quelle liaison ils avaient avec Dorgeville. Deux seuls cavaliers restèrent dans le salon