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cette demeure, lorsque l’évènement le moins attendu et le plus cruel, vint ouvrir les yeux de Dorgeville, détruire sa tranquillité, et démasquer enfin l’infâme créature qui l’abusait depuis six mois.

Tout était calme et content au château ; on venait d’y dîner en paix, Dorgeville et sa femme absolument seuls ce jour là, s’entretenaient ensemble dans leur salon, avec ce doux repos du bonheur, éprouvé sans crainte et sans remords, par Dorgeville, mais non pas senti par sa femme avec autant de pureté, sans doute ; le bonheur n’est pas fait pour le crime ; l’être assez dépravé pour en avoir suivi la carrière, peut feindre l’heureuse tranquillité d’une belle âme, mais il en jouit bien rarement. Tout-à-coup un bruit affreux se fait entendre, les portes s’ouvrent avec fracas, Saint-Surin dans les fers, paraît au milieu d’une troupe de cavaliers de maréchaussée, dont l’exempt, suivi de quatre hommes, se jette sur Cécile qui veut fuir, la retient, et sans aucun égard, ni pour ses cris, ni pour les re-