Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 4, 1799.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sera pas plus reçue d’eux sous l’un que sous l’autre. — Observez-vous, monsieur, que c’est moi que vous insultez dans ce moment-ci, et que votre conduite devient ridicule à côté de la décence de la mienne. — C’est parce que je le sens, monsieur, que j’imagine que ce que nous avons de mieux à faire est de nous séparer ; soyez tant qu’il vous plaira l’époux d’une catin, nous n’avons aucuns droits pour vous en empêcher ; mais ne vous imaginez pas en avoir non plus qui puissent nous contraindre à recevoir cette femme dans notre maison, quand elle l’a remplie de deuil et d’amertume… quand elle l’a souillée d’infamies. Dorgeville furieux, se lève, et part sans dire un seul mot : j’aurais écrasé cet homme féroce, dit-il à Saint-Surin, qui lui présente son cheval, si l’humanité ne me retenait, et si je n’épousais demain sa fille. Vous l’épousez, monsieur, dit Saint-Surin surpris ? — Oui, je veux réparer demain son honneur… je veux demain consoler l’infortune. — Oh ! mon-