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Affreux systêmes, s’écria Dorgeville piqué de tant de résistance, maximes bien dangereuses que celles qui, punissant une fille, dont le seul tort est d’avoir été sensible. Tels sont les abus dangereux qui deviennent la cause de tant de meurtres épouvantables. Cruels parens ! cessez d’imaginer qu’une malheureuse femme est déshonorée pour avoir été séduite ; elle fut devenue moins criminelle avec moins de sagesse ou de religion : ne la punissez pas d’avoir respecté la vertu, dans le sein même du délire ; par une stupide inconséquence, ne forcez point à des infamies celle qui n’a d’autre tort que d’avoir suivi la nature : voilà comme l’imbécille contradiction de nos usages, en faisant dépendre l’honneur de la plus excusable des fautes, entraîne aux plus grands crimes celles pour qui la honte est un poids plus affreux que le remords ; et voilà comme dans ce cas, ainsi que dans mille autres, on préfère des atrocités qui servent de voiles à des erreurs indéguisables. Que les fautes légères n’impriment aucune