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qui recevra mon âme bourrellée, si tu n’implores pour elle ? Rejetée des bras de Dieu comme de ton sein, veux-tu qu’elle soit condamnée aux affreux supplices des enfers, quand elle se repent aussi sincèrement de ses crimes… Pardonne chère âme, pardonne-les, et vois comme je les venge.

À ces mots Franval échappant à l’œil de Clervil, se passe l’épée qu’il tient, deux fois au travers du corps ; son sang impur coule sur la victime et semble la flétrir bien plus que la venger… « Ô mon ami ! dit-il à Clervil, je meurs, mais je meurs au sein des remords… apprenez à ceux qui me restent et ma déplorable fin et mes crimes, dites-leur, que c’est ainsi que doit mourir le triste esclave de ses passions, assez vil, pour avoir éteint dans son cœur le cri du devoir et de la nature. Ne me refusez pas la moitié du cercueil de cette malheureuse épouse, je ne l’aurais pas mérité sans mes remords, mais ils m’en rendent digne, et je l’exige ; adieu.

Clervil exauça les desirs de cet infor-