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marchent. Ils allaient chercher un chemin qui pût les rapprocher de quelqu’habitation… La nuit continuait d’envelopper la forêt de ses voiles… de tristes chants se font entendre, la pâle lueur de quelques flambeaux vient tout-à-coup dissiper les ténèbres… vient y jeter une teinte d’horreur qui ne peut être conçue que par des âmes sensibles ; le son des cloches redouble ; il se joint à ces accens lugubres, qu’on ne distingue encore qu’à peine, la foudre qui s’est tue jusqu’à cet instant, étincelle dans les cieux, et mêle ses éclats aux bruits funèbres qu’on entend. Les éclairs qui sillonnent la nue, éclipsant par intervalle le sinistre feu des flambeaux, semblent disputer aux habitans de la terre, le droit de conduire au sépulcre celle qu’accompagne ce convoi, tout fait naître l’horreur, tout respire la désolation… il semble que ce soit le deuil éternel de la nature.

Qu’est ceci, dit Franval ému ? Rien, répond Clervil en saisissant la main de son ami, et le détournant de cette route.